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 ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]

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MessageSujet: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMar 27 Juil - 11:59

.:Informations Diverses:.





Nom du chat : Indicible Trahison
Surnom (facultatif) : Tanga, ou Tan', pour les rares personnes qui l'ont connue dans ce qu'elle appelle son "autre vie".
Âge (en lune) : 24 lunes.
Sexe : Femelle.
Origines : Savane > Montagnes > Clan du Sang.
Clan : Sang.
Rang : Chef. ?

.:Informations RP:.


Description Physique (Minimum trois lignes) :

Indicible Trahison est une Norsk skogkatt (chat des forêts Norvégiennes), espèce apparaissant à plusieurs reprises dans la mythologie Nordique, notamment pour tirer le char de la divinité majeure Freyja, reine des Valkyries (mort, bataille, guerre...) et déesse de l'amour et de la fertilité. Son appartenance à cette race exigerait, en toute logique, une stature longue et puissante, rendue en apparence plus "carrée" par sa fourrure volumineuse. Et pourtant, contrairement à la majorité de ses confrères, à la naissance, elle demeurait courte et frêle. La longueur vint avec l'âge, mais elle conserva une ossature d'une finesse particulière, rapidement éclipsée par une musculature enviable.

Ses membres sont d'une taille raisonnable, probablement un peu plus hauts que la moyenne. Les pattes postérieures, robustes et légèrement plus élevées, sont un atout non négligeable à la vitesse et la détente, lors d'un saut (lui permettant de sauter plus haut / loin). Les "jambes" (communément appelées comme cela), se terminent en deux pieds assez larges, et ronds, garantissant une meilleure stabilité, et faisant comiquement penser à des bottons de nourrisson. La queue, portée droite et fièrement dressée, est suffisamment longue pour atteindre le dessous du cou de la femelle, et aussi touffue qu'un plumeau à poussière.

Sa robe, couleur ambre tabby, rappelle la douce nuance des tartines grillées recouvertes de miel, à la différence près qu'elle comporte de nombreuses rayures, et différents motifs, dans les tons variant du brun au noir. Ses longs poils laineux, originellement conçus pour qu'elle soit dans la capacité d'affronter le rude climat de la taïga, lui permettent de supporter des températures bien plus basses que le seuil de gel. Cependant, malgré cette épaisse couverture chauffante, la saison sèche ne lui est pas désagréable. En effet, en supplément de la mue d'été désépaississante, son pelage agit comme un ventilateur, réduisant considérablement la hauteur des degrés.

La tête est fine, et forme, conformément au standard, un parfait triangle équilatéral, fermé par un menton droit et prononcé. Les yeux de la guerrière, teintés d'or, foncent parfois jusqu'à la couleur rouille, en passant par l'ambre. Ses oreilles sont petites, noires à l'extérieur, et se terminent par deux touffes de poils, rappelant les pointes des lynx. L'intérieur est peu poilu. Ses moustaches sont fines et blanches, de même que ses loongs sourcils.

Voir >> ici << pour aperçu Wink

Caractère (Minimum trois lignes) :


La vie forge le caractère.

C'est dans ce principe que s'est développée la personnalité d'Indicible Trahison. Il y a beaucoup à apprendre de ses erreurs, probablement même plus que de ses réalités. Et des erreurs, elle en a commis. Trop, beaucoup trop. A ses yeux, en tous cas. Peut-être est-ce ce qui, aujourd'hui, la rend si perspicace. Ou alors est-ce, possiblement, son désir d'être si parfaite, par fierté personnelle. Pas pour se placer au-dessus des autres, non. Seulement pour être capable de penser, en se réveillant chaque matin, qu'elle a fait quelque chose de sa vie. Cette vie qui lui a été imposée, pour l'empoisonner, lui semblait-il. Au fond, elle, elle n'avait toujours souhaité qu'une chose : être aussi libre que les âmes volatiles qui peuplent cette merveille étoilée qu'est notre Voie Lactée. Pour atteindre cet idéal, il lui fallait passer par un inévitable : la mort. A ce prix, serait-il juste de dire que, suicidaire, elle désirait en finir de cette existence ? Probable. Mais à vrai dire, elle s'en fichait bien. A quoi bon accorder la moindre importance à une appellation, quand la profondeur d'un rêve est sans limite ?

Voilà bien une autre croyance dont le sens lui échappait. Cette obsession dévorante de vouloir cibler, ou plutôt ...nommer, oui, nommer la moindre pensée, la plus infime sensation, avec une précision digne d'un sniper d'élite. Notre esprit était-il donc un champ de tir, criblé de balles, ce vocabulaire, que notre entourage y avait fichées ? Et le droit à l'intimité, alors ? Ce jardin secret, que chacun se doit, pour une question d'équilibre personnel, de garder au plus profond de son être, sans jamais le révéler, même à son âme soeur ? Où placer les limites de l'effraction, dans ce cas là ? Prétexter le harcèlement psychologique ? C'est ce qu'Indicible Trahison ressentait. Une camisole qui l'étouffait. Elle, qui n'avait toujours aimé que s'entourer de mystère et d'émotions d'une fureur inexprimable, allait se retrouver dans l'obligation d'effacer ce flou qui l'avait bercée ?! Jamais ! Et si le prix à payer était de taire son opinion, de jouer l'indifférente, alors elle le paierait sans hésitation.

L'indifférence cache une profondeur d'âme d'une vulnérabilité incomprise.

L'ardeur d'un lien. Cet incendie qui, de la simple étincelle d'une rencontre, réduit l'eau en cendres, transforme le sable en or, les douleurs en joies, les plus vives certitudes en longues interrogations sans réponses. Cet éclair qui, d'une férocité indéniable, transporte deux intelligences, partout et nulle part, l'espace futile d'un court instant, ou pour une éternité dont seul le Créateur Suprême connaît la mesure. Une sensation douce et brûlante, un fauve terré au fin fond de notre être, décimant nos coeurs mais les faisant battre pourtant. L'Osmose même. Une entente parfaite, une compréhension bravant la limite des différences, des langues, des mondes. Aimer. Un mot, si faible, pour exprimer toutes les beautés d'une existence. Un feu d'artifice éclatant, un arc en ciel éphémère, l'infinité d'une étoile dans son clair de lune, un coucher de soleil ... Tout. Indicible Trahison aurait tout donné du maigre peu qu'elle avait acquis, pour apprendre, l'espace d'une simple nuit, à écouter son coeur battre à en rompre sa cage thoracique, blottie contre les flans d'un ami, ou d'un amour ... Mais Satan n'avait pas l'air décidé à signer un tel compromis.

Compréhension. A croire que la conception de ce terme divergeait selon les créatures qui l'employaient. Ou alors, que c'était une formule synonyme de "Ok". (traduction, ça rentre par une oreille, ça ressort par l'autre). Existait-il encore une âme, dans cette vaste forêt de CerfBlanc, qui
connaisse la réelle signification d'un tel engagement ? Indicible Trahison en doutait. Bien sûr, le niveau de mansuétude variait d'une intelligence à une autre. Chaque douleur est due à un évènement bien particulier, et ressentie par un être d'une manière bien à lui. Et pourtant, le fond reste le même. Qu'elle soit entraînée par la mort d'un proche, ou la trahison d'un amour, la peine demeure ce qu'elle est, avec une ampleur d'impact plus ou moins restreinte : un sentiment affable et d'une acidité destructrice.

Mieux vaut être seule que mal accompagnée.

Elle, elle se rit de cette soit disant vérité. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, direz-vous ? Non, probablement pas. Le rire n'est pas une preuve de bonheur ; c'est seulement une alternative aux larmes, lorsque celles-ci se refusent à couler ; tout comme la solitude n'est qu'une issue de secours. La fuite. Est-ce cela, vivre ? Prendre la fuite de manière permanente, plutôt que d'affronter les conséquences des erreurs que l'on a faites ? Chacun en pensera ce qu'il voudra. Mais Indicible Trahison, elle, a une idée fixe sur la question. Le manque infernal qui lui avait arraché son enfance, le peu d'insouciance qu'elle avait encore, lui suffisait amplement. Le côté négatif de ce sentiment contradictoire lui avait coupé les ailes et elle se refusait à croire qu'on puisse y trouver un bénéfice. Oui, Indicible Trahison, c'était aussi ça. Des idées, des certitudes, qui ne peuvent être remises en cause. Une personnalité forte, un entêtement profond, parfois quelque peu agaçant, mais tellement touchant.

Séductrice ? Oui, elle l'était. Un jeu, n'ayant pour règles que celles qu'elle posait ... ou pas d'ailleurs. Dans le simple et unique but de rassurer son égo. Elle avait besoin de se convaincre que, elle aussi, elle pouvait plaire physiquement. Certes, son corps n'était pas particulièrement sensuel, à cause des longs poils qui étouffaient la féminité de ses formes, mais son regard d'or ambré et sa carrure fine et robuste véhiculaient un certain charme. A qui saurait le voir.

[Pour plus de renseignements, voir "Qualités & Défauts. Inutile de me répéter, ou de développer ces points là, qui me semblent suffisamment ... clairs.]


Qualités (Minimum quatre) :

- Honnête, digne de confiance.
- Ambition d'apprendre des différences des autres chats.
- Excellente combattante.
- Juste.
- Autoritaire.
- Téméraire.
- Tolérante.


Défauts (Minimum quatre) :

- Séductrice (à savoir si c'est un défaut ... xD).
- D'une franchise brutale.
- Peut vite se montrer agressive sur certains sujets trop ... sensibles.
- N'accorde pas sa confiance assez facilement.
- Ne sait pas montrer son affection.
- Culottée.
- Exigeante vis-à-vis (t'as vu, j'ai fait un effort, j'ai mis les tirets ! xD) d'elle même, presque perfectionniste.


Histoire* (Minimum 10 lignes) :

>> Indicible Trahison. Un nom. Une association de deux idées, si distinctes, mais à la fois tellement semblables qu'elles pourraient presque en paraître synonymes, et pour le moins contraires. Une oeuvre, pour l'ectoplasme créée, parfait syncrétisme du rêve idyllique du libre penseur et du sombre esprit sinistré de l'orphelin, transpercé par la vie lorsque la balle atteint le coeur de son âme, pour une dernière cicatrice, la sentence ultime. Un patronyme, qui n'a de sens que celui qu'âme daigne lui donner, et qui à jamais bercera cette pseudo-existence de vice, de douleur, de chagrin. Une appellation, née sous l'étoile d'une nuit charbonneuse, durant laquelle deux intelligences fusionnèrent pour un dernier plaisir, la chaleur d'une larme d'adieu.

On a tous un jour pensé que les plus merveilleuses histoires prenaient leur source au beau milieu de la nature, au crépuscule d'un amour bercé de la moiteur de l'été naissant, dans un gémissement déchirant, un soupir hurlant de douleur, de tendresse et d'émerveillement. Cet idéalisme n'est probablement que l'aboutissement de longs siècles d'euphorie, durant lesquels enfants et petits-enfants se sont plus à perpétuer le mythe que leurs aïeuls leur contaient, au creux d'un arbre, ou dans la sombre lumière d'un repère secret. Et pourtant, tous affectionnent incompréhensiblement cette folklorique coutume, qui aujourd'hui effleure de ses douces mélodies utopiques le titre de légende ancestrale.

Puéril est celui qui croit la réalité à la hauteur des désirs de son inconscient. Les songes ne sont qu'une ridicule invention de notre esprit visant, paraît-il, à ... à quoi d'ailleurs ? A nous apporter l'espace d'une nuit, l'illusion d'un bonheur qui nous est inaccessible, pour mieux nous l'arracher ? Possiblement, à faire défiler devant nos yeux aveugles de témoins impuissants l'image de l'existence que l'on aurait pu avoir, si Dame Nature nous avait donné la vie ailleurs, autrement, différemment. La vivace ardeur d'une flamme entame l'encéphale de tout être qui, sans qu'on lui laisse l'espoir d'un choix, s'en vient dans cet univers. Sa naïveté ne prend sa réelle conception que lorsqu'il s'aperçoit que jamais plus, désormais, elle ne cessera d'écorcher son âme. Un philosophe conclurait que notre destinée est plus importante que nos rêves. Probablement vaudrait-il mieux penser différemment, l'insouciance de l'optimisme tue, chaque jour, des dizaines d'innocents. La vie est un souhait en elle-même, la survie, une pure fatalité.


La fraîche humidité de la saison des pluies, désirée et crainte, étendait avec une langueur silencieuse ses redoutables bras, noueux et salvateurs, sur les plaines arides de la savane endormie, imprégnant de la douce mélodie de l'éveil de ses sens les lits de rivières et la nature jaunie. A droite, un rongeur apeuré se hâtait pour tenter de sauver son antre et ses rejetons de l'inondation, en vain. La puissance dévastatrice de l'aqueux liquide boueux finit furieusement par entraîner l'amas de brindilles vers ses profondeurs abyssales, sous le regard d'une mère désemparée. A gauche, une femelle guépard traînait sa proie sanglante, un zèbre encore agonisant, au sommet d'un rocher abrupte, loin du fleuve et de ses dommages. Et là-bas, au coeur même de cette étouffante chaleur, loin des massacres ravageurs des caprices des saisons, un râle étouffé. Un gémissement réprimé. Un feulement ravalé. Deux boules de poils informes, aveugles et frigorifiées rampaient au sol, baignant dans une marre d'hémoglobine et de placenta, cherchant désespérément de quoi satisfaire leurs appétits féroces. Etendue non loin, une splendide femelle Norvégienne silver, Tamo, posa ses iris bleus, emplis d'épuisement et d'affection, sur les deux merveilles qu'elle venait de mettre au monde. Les bouches avides des chatons s'emparèrent rapidement des tétines de leur mère, pour un copieux repas, puis s'endormirent contre elle, repus.


Deux lunes plus tard.

De petits miaulements de joie s'élevaient d'une cabane, loin du tumulte harrassant de la vie sauvage. Les chatons de Tamo avaient bien grandi, et étaient à présent proches du sevrage. Désormais, ils seraient aptes à survivre sans elle. Une ombre entra dans l'antre des félins, tout murmure cessa. Un calme angoissant envahit la pièce qui, un instant plus tôt, retentissait d'éclats de rire.

- Tamo ? Tamo, c'est moi, Sam !

En entendant cette voix si familière, et si rassurante aussi, la vieille chatte sortit, ses petits sur les talons. Sam sourit. Les boules de poils lui rappelaient le jour où il avait rencontré la chatte Norvégienne, il y a de cela bien longtemps.

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C'était par une nuit chaude, au beau milieu de la saison sèche. Toute trace d'humidité avait déserté l'air ambiant depuis bien longtemps déjà, et le zéphyr brûlant qui soufflait sur les étendues sablonneuses ne faisait qu'accentuer la sensation d'étouffement. Sam était sorti sans ses parents, ce soir la, pour une raison dont, aujourd'hui, il n'avait plus souvenir. Il avait marché longtemps, jusqu'au port, perdu dans ses pensées. Des pensées sombres, et d'autres plus gaies. La toile complexe du banal raisonnement de la plupart des enfants de son âge. Mais Sam avait quelque chose de différent des autres. Alors que tous ses camarades jouissaient du plaisir sadique de torturer, de voir souffrir, ou encore de tuer les faibles créatures qui peuplaient leur admirable faune, le jeune garçon, lui, préférait occuper ses après-midi à observer les félins, à jouer avec eux même, quand ceux-ci acceptaient d'avoir suffisamment confiance en lui, et ce depuis son plus jeune âge. La fascination qu'il éprouvait envers ces mammifères était si inlassable, sa soif de les connaître, tellement intarissable, qu'il finit par acquérir un incroyable savoir.
Ce fut un couinement presque imperceptible qui l'arracha à ses réflexions, ses souvenirs. Il leva les yeux vers le pont d'un bateau et aperçut, juste là, sur la proue, une minuscule tâche grise, presque impossible à déceler. Lorsqu'il s'en approcha, il prit conscience que ce monticule de poils n'était autre qu'un chat, si affaibli qu'il lui était impossible de faire le moindre geste, le plus infime mouvement. Il s'empara du petit corps frêle, avec toute la délicatesse de l'amour qu'il éprouvait pour les fauves, et le ramena chez lui.

Trois lunes durant, il s'occupa de la féline, terrée au fin fond de la minuscule cage qui lui servait encore de chambre, lui prodiguant tous les soins nécessaires à sa survie. Cependant, malgré qu'il investisse tous ses talents, déploie tous ses efforts, pour lui apporter un peu de confort et de fraîcheur, Sam se rendait compte qu'une chatte possédant une fourrure semblable, d'une épaisseur excessive, ne pouvait se sentir à l'aise avec un tel climat. Un jour, peut être, espérait-il, elle s'en accommoderait ... Le bien-être de la petite bête était devenu une obsession pour le jeune garçon. Il devait la sauver ! Mais plus les jours passaient, plus il sentait son obsession se transformer en amitié. Il avait trouvé une présence, une confidente, un soutien, et un appui solide et fidèle. Il avait trouvé ce qu'il manquait à sa vie.


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Dans la semi-obscurité de la masure, Sam s'agenouilla près de Tamo.

- Comment vas-tu ma belle ? Les diablotins ne te rendent pas la vie trop dure ?

La digne mère lui fit part de son amusement en un frémissement de moustaches. Le jeune homme prit la vieille féline dans ses bras, avec tendresse, comme il l'avait toujours fait.

- Tu te souviens du jour où nous sommes devenus amis ? Que faisais-tu là-bas, seule, sur ce voilier ? Pourquoi avoir quitté ta taïga natale pour venir me retrouver ici, dans ma savane ? Es-tu un ange, que le ciel m'a envoyé ... pour finalement me le reprendre ?

Tous les jours, depuis qu'ils s'étaient rencontrés, l'Africain posait cette question à la féline. Il avait conscience que jamais il ne comprendrait les mystères qui avaient amené Tamo jusqu'à lui, et savait qu'elle ne s'en souvenait pas non plus. Probablement son propriétaire l'avait il abandonnée à bord d'un transport naval de marchandises ... Mais il s'était toujours plu à croire que c'était un cadeau venu d'ailleurs. Rien que pour lui.

- Tamo ... Je suis venu te dire adieu, lui avoua-t-il, d'une voix brisée par le désespoir. Demain, cette cabane sera abattue. Tu dois partir. Ailleurs. A dès lieues d'ici. Toi et tes chatons, sauvez-vous. Partez, loin, le plus loin possible de l'homme, et de sa folie dévastatrice. Je ne peux pas vous emmener avec moi, mon amie ... Je veux le bonheur de la famille que tu as fondée, avant tout. Et là où je vais, rien n'est comme ici. Les petits ne supporteraient pas le voyage, ils sont trop jeunes. Et toi ... toi, tu es trop fragile, à présent. Je devrai travailler ... Pour survivre ...

Le discours disloqué et désordonné du jeune homme témoignait d'un trouble profond. Chacun de ses mots fendaient le coeur de Tamo, lui enfonçant une lame au plus profond de l'âme. Quant à lui, il se mourait de l'impuissance qui l'entravait. La force de leur amitié qui, leur semblait-il, durait depuis la création du monde, leur avait, bien trop vite, fait oublier le fossé qui les séparait. Les années avaient transformé Sam en homme robuste et fier, et Tamo en vieillarde fatiguée. Aujourd'hui, le temps reprenait possession du fruit de sa création, et brisait ce lien qui avait peu à peu rongé son pouvoir.

Le temps et la distance sont les pires ennemis de l'affection.

Les deux amis venaient de l'apprendre, au prix d'une énorme baffe dans la gu**le.



L'aube n'était pas encore levée, lorsque Tamo fit sortir ses deux rejetons de la cabane. La route serait longue. Partir. Mais pour aller où ?! Elle n'avait jamais rien connu d'autre que son existence ici, en SA compagnie... Ou peut-être que si, finalement. Peut être, aussi, qu'elle avait simplement préféré l'oublier. Elle leva la tête vers le ciel. Les premiers rayons du soleil, d'une finesse rosée, perçaient les nuages. Il fallait faire vite, leur temps était compté. Fermant les yeux, elle fit un tour sur elle-même, serra les mâchoires, et avança. Un chemin qu'elle n'avait jamais emprunté, mais qu'elle connaissait pourtant par coeur. Cette désagréable impression de reconnaître sans avoir connu l'habitait à chacun de ses pas, la poussant à poursuivre sa route. Ca ne l'effrayait pas, non. En réalité, la vieille mère était bien trop lassée et désemparée pour y prêter une réelle attention. Elle avançait. Dans la direction que son instinct lui dictait. Personne ne serait là pour la féliciter d'avoir su se diriger d'elle même, ni même pour s'inquiéter si jamais elle se mettait en danger. Elle vivait seule. Seule avec eux. Mais seule quand même.

Vient un jour, dans toute vie, où la compagnie matérielle est dérisoire. C'est d'une présence émotionnelle que le coeur a besoin.
Et pourtant, l'un n'est rien sans l'autre.


Ce n'est qu'au bout de longues heures d'une marche épuisante, tant pour la vieille femelle que pour les rejetons, que les ombres graciles des hauts mâts des voiliers se dessinèrent à l'horizon. L'éclat du soleil, se reflétant sur les pontons d'une clarté immaculée, parsemait l'atmosphère de fins éclairs aveuglants. Le port était en vue. Tamo poussa ses progénitures à la suivre vers un coin frais et retiré du port, un hangar où les hommes entreposaient les diverses pièces nécessaires à la construction des bateaux de pêche. Elle s'installa sur une toile qui, une fois taillée convenablement, deviendrait une voile parfaite, tandis que les deux énergumènes s'emmêlaient les pattes dans un tissage complexe de cordages noués, sous les yeux attendris de la vétérante. Ils avaient toujours été très proches tous les deux, malgré leurs flagrantes différences, depuis le jour de leur naissance. La femelle était plus calme, timide et docile, presque retirée, tandis que le mâle avait l'insouciance et la fougue de tout nouveau-né.

Ce fut le cliquetis métallique de la serrure de la porte à double battants qui brisa cet émouvant tableau. La silhouette titanesque d'un malabar, avec des épaules si larges qu'on aurait juré qu'il avait avalé une armoire, se découpa dans la lumière crue du soleil, probablement à son zénith désormais. Une barbe hirsute, parsemée de miettes du sandwich qu'il venait d'avaler, descendait jusqu'à la moitié du buste de la créature, semblable à un sapin de noël et ses multiples guirlandes lumineuses. Deux minuscules yeux noirs, luisants comme des boutons de manchette, et une crinière capillaire aussi garnie que celle d'un lardon complétaient le portrait. En bref, Frankenstein était parmi nous, et les petits hommes verts censés envahir la terre ne devaient guère être loin, eux non plus.

A la vue de ce bougre mal embouché, Tamo feula. L'ambiance était aussi tendue que la corde d'un string, jusqu'à ce que ...

- Ah gouzou gouzou, qu'il est mignon le chaton !!!

PAF ! S'il y avait eu un mur contre lequel se frapper la tête d'exaspération, la boîte crânienne de la vieille mère y aurait parfaitement trouvé sa place.

- Bah alows, qu'est qui font là les pitits minouuuuuus ?!

Le chewing-gum ambulant avait la désagréable habitude de transformer les "r" en "w", ce qui donnait l'agaçante impression qu'il ruminait une sorte de pâte à mâcher.

- Owh mais ch'qu'ils ont peuw ?!!

L'excentricité du type agaça bien rapidement la mère, qui s'empressa d'attraper l'un de ses gamins par la peau du cou, de pousser le second devant elle, et de sortir du hangar. Le moment était venu, il était l'heure de partir. Les navires amarrés prendraient bientôt le large, bravant les éléments, affrontant la colère de Poséidon, arrivant à destination si celui-ci le permettait. Et, avec un peu de chance, les félins trouveraient le moyen d'embarquer sur un bateau suffisamment robuste pour fuir loin, très loin d'ici, comme le voulait Sam.

- Rrroaaaaaaar !

La Norvégienne Silver se retourna, inquiète et sur la défensive. Face à elle, et ses rejetons, se dressait un lynx d'une taille effarante. Un feulement, accompagné d'un crachat et d'un coup de patte, toutes griffes sorties, laissa deviner la moindre de ses attentions. Apparemment, Miss Lynx n'appréciait pas de partager le territoire qu'elle avait fait sien.

- Ssssssssh !

Un pas, deux pas, trois pas ... Et à peine une demi-douzaine de longueurs de queues séparant l'attaquant de l'attaquée ... ou plutôt, des attaqués. Tamo n'avait plus le choix, la priorité était de sauver ses progénitures. Il était tout bonnement impossible, pour une vieillarde comme elle, de faire face à une opposante de cette envergure. La fuite était la seule solution, et aux diables les principes. D'un mouvement vif, la mère esquiva un dangereux coup de patte, attrapa un chaton entre ses mâchoires, et sauta sur le ponton le plus proche. Le hurlement rauque d'une sirène retentit : le paquebot prenait le large, s'éloignant dangereusement du bord. L'inquiétude dans le regard, Tamo observait la distance qui la séparait de son fils croître de secondes en secondes. Bientôt, celle-ci serait beaucoup trop importante pour être franchie. Elle devait y retourner, maintenant, ou jamais, elle le savait ! Cependant, sa phobie de l'eau la paralysait. Ce n'est que lorsque le petit miaula de frayeur qu'elle franchit le pas. Ses pattes décollèrent avec une souplesse un peu juste, mais suffisante pour atteindre la rive. Elle saisit le chaton terrorisé et s'élança vers les flots, consciente que son âge ne lui permettrait pas de bondir à une telle distance. Le poids des années était trop lourd à porter ... En un puissant mouvement de cou, elle envoya la boule de poils encore tremblante au près de sa soeur.

SHPLAAFF

Un corps qui tombe, qui sombre, sans même chercher à lutter contre la force démoniaque des ténèbres aqueuses. Tout effort serait vain. Il est tellement plus agréable de se laisser bercer par le lent mouvement de l'eau, de sentir sa douceur vous envelopper tout entier. Tout devenait flou autour de la vieille chatte, condamnée, qui se croyait à présent dans le ventre accueillant de celle qui lui avait donné la vie.

Les faibles disent l'instinct de survie incontrôlable pour masquer leur incapacité de le dominer.

A bord, les deux minuscules créatures observaient les bulles d'air se raréfier à la surface et, bien qu'ils soient trop jeunes pour saisir l'horreur de la situation, ils sentaient l'inquiétude inonder leur âme.

SHHHCRRTCHH

Et une flaque pourpre qui se dessine, s'étend, se dilue dans mers et océans, chassant toute ombre de doute sur la tragédie qui venait de frapper cette regrettée Tamo. L'hélice meurtrière venait de sceller son sort : de la vieille chatte, ne restait plus qu'un souvenir.

Le présent est passé, le futur, condamné.

Et le présent, il était bel et bien là. Deux orphelins, perdus au beau milieu d'un cargo dont ils ignoraient jusqu'à la direction.

- Mamaaaaaaan ! MAMAAAAAAAAAAN ! Maaa ... Maaaman ...

- Elle ne reviendra plus, Samba.

Tanga. Elle avait toujours été plus mature que son frangin. Dans de tels moments, elle considérait cela comme un défaut.

- Tu mens ! Elle va revenir ! Elle ... Elle ... Ma... Maman ...

- Non, petit frère ... jamais, plus jamais ...

- MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !

Un cri qui aurait déchiré le coeur d'une pierre. Le hurlement d'un enfant à qui l'on arrache son plus grand bonheur. Sa raison de vivre. Son essentiel. Son tout, son rien. Son existence.

Deux jours plus tard.

- Tanga ? ...

- Quoi ?

- J'ai faim ...

- Je sais, moi aussi.

- Et si on allait chercher à manger ?!

- Ouais !

Et c'est ainsi que les deux gamins se prirent pour James Bond à travers le navire. Ils avaient pris la difficile décision de ne plus jamais aborder l'épineux sujet de la disparition de celle qui les avait élevés. Samba était étranglé de culpabilité.

- Eh, c'est qui, eux ?

- Chais pas, mais ... ça sent bon !!

- Ca sent le poisson !

Effectivement, près d'eux, une petite caisse, posée sur le sol, contenait les restes des alevins que les pêcheurs avaient vidés, puis rendus consommables. C'est avec une once de joie que les bambins satisfirent la férocité de leurs appétits, plongeants sans retenue leurs museaux rosés dans les déchets.

Une lune entière passa, durant laquelle Samba et Tanga subvinrent à leurs besoins de manière semblable. Jusqu'à ce qu'un beau matin ...

- Samba ! Samba ! Le bateau est arrêté !

- Rhm... laisse moi dormir ...

- Samba, debout ! On est arrivés ! On ... On a fait ce que maman voulait ...

La voix de la jeune chatte se brisa. Son frère se dressa sur ses pattes en un bond, et la fusilla du regard.

- IDIOTE ! feula-t-il. Ne parle plus jamais d'elle ! JAMAIS !

- Samba ... On ... Qu'est ce qu'on va faire maintenant ...? On a plus rien ... plus aucun but ...

- Tanga ... Je ... j'aimerai rester ici ...

- Q... Quoi ?! Tu ... tu plaisantes ?!

- ...

- SAMBA ! Dis moi que c'est pas vrai ! Dis moi que tu mens ! T'as pas le droit ! Tu m'as promis ! Tu m'as promis qu'on resterait toujours ensembles ! TOUJOURS !

- Ecoute, Tanga. Que tu acceptes de l'avouer ou non, je ne peux m'empêcher de penser que SA mort est de ma faute. J'ai l'impression que ... que rester ici, revoir l'endroit ou C'est arrivé ne peut que me faire du bien...

- ...

- Tanga, je t'en prie ... Ne ... Ne m'en veut pas ...

- Ce n'est pas ce que maman aurait voulu, Samba ...

- Tu n'en sais rien ! Maman est partie ! Je refuse de vivre dans l'ombre de sa mort toute ma vie ! UN MORT NE DIRIGERA PAS MON EXISTENCE !

- Mais, tu disais ...

- Laisse moi ! PARS ! Va-t-en ! Je veux plus te voir ! PLUS JAMAIS !!!


Devant le regard empli de rage de sa seule famille, Tanga sentit son coeur se serrer. C'est d'une démarche chancelante qu'elle s'éloigna de lui, tête basse.

- Adieu, petit frère ... murmura-t-elle.

Ses pas s'accélérèrent, jusqu'à ce qu'elle bondisse sur la terre ferme, et disparaisse à l'ombre des gigantesques montagnes rocheuses. Elle s'adossa à un monticule de terre, et hurla, de toutes la puissance de sa voix fluette. La sirène de départ du navire lui répondit, en écho inlassable. Ce n'est qu'alors qu'elle réalisa qu'elle venait d'abandonner la personne qu'elle aimait le plus au monde sur un coup de tête imbécile, une dispute puérile ... Un autre de ses cris fit trembler l'île, avant qu'elle ne se décide à rebrousser chemin.

Peu importe l'endroit. Peu importe l'activité. Ce qui compte, c'est d'être avec les personnes qu'on aime ...

Lorsqu'elle foula de nouveau le sol sablonneux de la côte, le cargo était déjà loin. Et là, sur le pont arrière, Samba, des larmes plein les yeux. Cette vision arracha le coeur de la jeune chatte. Il était trop tard ... Plus jamais, ils ne se reverraient ...

- JE T'AIME, PETIT FRERE, hurla-t-elle, contre vents et marées. Mais seule la mélodie du vent lui répondit.


Plic. Ploc. Plic. Ploc. Plic. Ploc.

Ainsi allait l’aigre bruit de la procession interminable d’une infinité de gouttelettes lasses, faibles, fragiles ; s’arrêtant quelques instants, vieillardes fatiguées qui cherchent à recouvrer le souffle de leurs premiers printemps, pour finalement reprendre leur lente descente vers une destination encore inconnue, dictée par la simple volonté des tourments de la pierre, des courbures de la voûte. Une grotte, sombre, stérile, abyssale, emplie par la symphonie fracassante d’un unique silence fade, neutre, et indifférent. Un vent glacé, piquant, se frayait un passage dans l’obscurité, murmurant aux oreilles des rares esprits assez inconscients pour s’aventurer dans un lieu si sordide après le coucher du soleil les pires ignominies, les plus infâmes calomnies, et les meilleures preuves de son sadisme indéniable.

Un refuge. Le premier que Tanga ait été en mesure de trouver. Une caverne relativement basse, creusée dans la roche par les volontés du temps, à l'évidence. Son coeur lui faisait mal. Si mal, que son être tout entier vibrait de ce même tracas. Elle avait fait une totale abstraction du monde extérieur. Plus rien ne comptait, non, rien d'autre que ces deux scènes qui tournaient en boucle, comme un magnétoscope qui repasse inlassablement la même cassette. Un film. Le film de sa vie, relatant la fracassante tragédie qui, en un éclair, avaient transformé son existence en un monde vaste et inconnu. Un monde de solitude, dans lequel il lui fallait vivre, et non survivre. Un univers à part, où il lui semblait être la seule âme qui vive.

La petite Norvégienne ne saurait dire combien de particules poussiéreuses s'écoulèrent, dans le Grand Sablier du Temps, avant qu'elle ne sorte de ses réflexions. Une heure, un jour, une semaine, un mois ? Quelle importance. A quoi bon courir, lorsqu'il ne nous reste rien d'autre qu'un corps, sans but, sans être, sans âme, sans utilité.

- Prrf, on peut même plus être tranquille chez soi !

Une statue de félin gigantesque, dressée devant l'entrée de la caverne, s'avançait vers elle avec une humeur mauvaise. Son pelage roux terne, moucheté de blanc, semblait se fondre dans la pierre, malgré sa couleur chaude.

- Désolée ... murmura-t-elle en se dirigeant vers l'entrée, dans la totale incapacité de balbutier toute autre parole.

- Kssh ! Tu crois pouvoir entrer et sortir de chez moi comme tu le veux ?! Eh bah nan, t'y es, t'y restes !

- Mais, chez moi ...

- Ké, chez toi ?! D'où tu viens toi ?!

- De loin ... D'un endroit où il fait chaud ...

- Raconte moi, lui dit-il, d'une voix soudain intéressée.

Alors, elle lui narra son histoire. De l'annonce de Sam au départ de Samba, en passant par la mort de sa mère ...

- [...] et c'est comme ça que je suis arrivée ici ... Mais c'est où ici ?

- Ici ? Ma pauvre petite, tu n'aurais pas pu trouver pire endroit pour vivre. Ca fait plus de 50 lunes que j'habite dans ses maudites Montagnes. Et, crois moi, il n'y a pas âme féline à des kilomètres.

- Oh ...

- Mais ça a des avantages. Le calme, la paix, et la profusion de gibier.

- C'est vrai ...

- Tu peux rester avec moi, si tu veux. Je chasse suffisamment pour deux bouches. Puis je ne te donne pas deux levers de soleil avant de te fracasser le corps sur les sommets rocheux.

- Mais, je ne veux pas ...

- Moi, c'est Shane.

Alors, Tanga accepta. La brise fraîche des hautes altitudes la libérait enfin de cette sensation d'étouffement qu'elle ressentait en Afrique. La vie reprenait des couleurs, et, peu à peu, la jeune chatte recouvrait un semblant de bonheur. Shane était adorable avec elle. Il était devenu le père qu'elle n'avait jamais eu et, près de lui, il lui semblait être quelqu'un d'autre. Quelqu'un de meilleur. Quelqu'un d'utile, avec un but à accomplir, avec une raison de se lever chaque matin.

4 lunes défilèrent, jusqu'à ce que la sirène du navire retentisse de nouveau. De toute la vitesse qu'elle avait acquise, Tanga traversa les montagnes, et rejoignit la côte, à l'endroit même où elle avait vu s'éloigner son frère ... Elle priait, priait de tout son petit coeur, qu'il soit sur le bateau ! Elle voulait tant le revoir ... lui parler, lui dire qu'elle l'aimait ! La jeune femelle sauta sur le petit cargo qui, autrefois, lui avait paru tellement grand, et en fit le tour aussi rapidement que possible. Mais elle ne se heurta qu'à une déception extrême. Samba n'était pas revenu ... L'avait-il déjà oublié ? Peut être bien, après tout ...

- Adieu, petit frère ...

8 lunes plus tard.

- He ! Shane ! Je suis là ! Attrape moi si tu peux !

- Rrrh ! Tu vas voir, toi !

Un éclat de rire fit vibrer le pic gris et montagneux. Quelques flocons de neige recouvraient le sol, dernier souvenir de la saison froide.

- Tanga ? Rrrh, on avait dit pas les arbres !

- Sssssh !

Un poids mort s'abattit sur le large dos du guerrier. Les coups de pattes fusèrent et, rapidement et contre toute attente, le mâle se retrouva face contre terre, une mâchoire puissante enserrant sa jugulaire. Il serra les paupières d'anxiété, immobilisé, et prêt à dire adieu à l'existence.

- Je t'ai connu meilleur que ça ! dit-elle, d'une voix rieuse.

- Tanga ! Tu m'as fait peur !

- Hi hi !

- Tu es vraiment de plus en plus douée ... Tu feras une combattante exceptionnelle !

- Ah ? Tu crois ? Tu plaisantes ?!

- Bien sûr que non. Personne ne m'a jamais mis à terre avec une telle rapidité.

- Forcément, tu t'es jamais battu avec personne !

- Que crois tu ? Je n'ai pas toujours vécu dans ces montagnes. J'avais une vie, avant.

- C'est parce que j'ai eu un excellent professeur !

Et ils rirent, tous deux, comme deux enfants, deux complices de toujours. C'était vrai. Tanga avait grandi, et avait développé une carrure favorable au combat. Elle était dotée d'une agilité et d'une rapidité impressionnantes, mais sa force restait à améliorer. La fleur qui annonçait le début du printemps, voilà ce qu'elle était, pour la Montagne ... L'esprit du renouveau.

3 lunes passèrent encore. Trois lunes, durant lesquelles plus rien n'était pareil qu'avant. Shane devenait froid, renfermé, indifférent. Tanga et lui ne parlaient plus que pour les choses essentielles. Et la situation ne faisait que se dégrader.

- Shane ... Ca ne peut pas durer ... lança la jeune femelle, un soir, que le matou gris était encore plus affable qu'à l'habitude.

- Quoi ? Qu'est ce tu me chantes encore, la mioche ?

- Shane ! Mais qu'est ce qui te prend enfin ?! T'as oublié tout ce qu'on a vécu ensembles ?!

- Quoi, qu'on a vécu ensembles ? Mais enfin, tu rêves ou quoi ? Tu croyais vraiment que j'avais besoin de toi ?!

- ... Hein ...?

- Je me f*us complètement de ce que tu vas devenir ! Je t'ai recueillie sur un instant de folie pure ! Tu comprends ça ?! Je tiens pas à toi ! Tu n'es rien ! RIEN ! Piouf, un coup de vent ! Tu as rendu ma vie encore plus harassante qu'avant !

Son regard était d'une telle cruauté, d'une telle rage, qu'il ne laissait aucun doute quant à sa sincérité.

- Pourquoi ... Pourquoi ?! POURQUOI tu me fais ça ?! POURQUOI ?!

Les larmes perlèrent de ses yeux d'or. Son coeur hurla d'une douleur encore à peine réalisée.

- PARS ! Et imagine toi mon bonheur lorsque je trouverai ton joli petit corps tâché de sang, avec ce oooh combien merveilleux pieux émergeant de ton ventre ...

- ASSEZ !!!! et sa voix se brisa dans l'écho muet de la caverne silencieuse.

- Roooooarrrh !

Une montagne grise l'écrasa contre la terre froide. Shane faisait au moins deux fois sa taille, et le triple de son poids. Le combat serait rude ... Coups de pattes, de griffes, de crocs. Du sang qui gicle, des touffes de poils entrelacées qui jonchent le sol. Et des feulements, des gémissements, de la douleur et de la colère. De la rage, de la peine, et l'amertume de la trahison ... Une feinte. Coup de griffe, paré. Morsure à l'épaule, blessure sanglante, patte quasi-inutilisable. Saut sur le dos, feinte arrière, réussie, lacérations du ventre. Et un corps à corps, qui s'engage entre une montagne de muscles à l'abdomen ouvert, et un être frêle souffrant d'une mort psychologique au membre antérieur droit entaillé jusqu'au muscle. Un entrelacs de fourrure qui roule, qui roule, qui roule ... Et qui se rapproche de plus en plus du bord de la falaise, du précipice de la cascade. Une mort quasi-inévitable. Alors c'est ainsi, que leur amour artificiel père / fille prendrait fin. Un combat dont l'issue serait fatale à l'un d'entre eux ...

De l'amour à la haine, la frontière est mince.

Le fracas incessant des chutes de la cascade, située quelques mètres en amont, couvrait presque totalement les feulements enragés de la sanglante bataille. Inlassablement s'enchaînaient les offenses et les parades de retrait, toutes plus complexes les unes que les autres. Le mâle sauta sur le dos de la femelle, dans l'espoir de la plaquer au sol. Peine perdue, rapidité exige, Tanga roula sur le côté et lui entama le museau de ses griffes. Shane rétorqua en plantant ses crocs dans la blessure sanglante, déjà sérieuse, de la guerrière. Une rivière de sang sombre s'en écoulait de façon continue. Si jamais le muscle venait à se rompre, la bataille serait perdue. Mais la Montagne grise était, elle aussi, convenablement amochée. Ses plaies étaient, certes, moins sérieuses, mais beaucoup plus nombreuses, et judicieusement infligées : l'hémoglobine s'échappant d'une entaille, au sommet de son crâne, coulait nonchalamment le long de son front court, voilant son regard à intervalles réguliers, et l'empêchant, l'espace de quelques secondes, de prêter attention aux mouvements de la chatte Norvégienne. C'est d'ailleurs ce qui l'empêcha de s'apercevoir que celle-ci n'était non plus devant lui, dos à la crevasse, mais derrière lui. Son feulement se fit désespéré, mais d'une profondeur, et d'une force, si époustouflantes, qu'il semblait que Tanga crachait son âme. Jamais il n'aurait pu imaginer, ne serait-ce qu'un instant, qu'un corps si fragile soit en mesure de déployer une telle énergie, de mettre tant de profondeur dans de simples paroles.

- Il est encore temps de tout arrêter, Shane.

- JAMAIS !

Il lui sauta à la gorge, manqua son coup, s'affala sur un rocher abrupte. Le venin de l'épuisement s'épandait avec une rapidité croissante dans leurs veines, les rongeant du plus profond de leur être. Tous deux haletaient, au bord de l'effondrement. La victoire reviendrait à celui qui serait le plus endurant. Si on peut se permettre de parler de victoire, lorsqu'il s'agit d'achever la personne avec qui on a passé la majeure partie de sa vie ... Nouvelle attaque, coup de griffe superficiel sur l'épaule. Rien d'alarmant, mais la femelle constata avec un léger soulagement que Shane avait beaucoup perdu en rapidité. Et pourtant, il joua la carte de la surprise, en bondissant maladroitement dans son dos. Erreur fatale. Elle se décala de quelques longueurs de queue sur la droite, contracta le dos et le bassin, et lui administra une ruade prodigieuse, qui eut pour effet d'envoyer le mâle dans le vide. Le coeur de Tanga se serra, de douleur et de soulagement à la fois. Repos un peu trop rapide, aucun bruit de chute dans l'eau. Et pour cause ! Les membres antérieurs du grand chat étaient restés accrochés à la corniche, et ses griffes lacéraient frénétiquement la terre, provoquant des crissements désagréables contre les pierres.

- Tangaaa ! Tanga ... A ... A l'aiiide !

Le coeur de la femelle explosa. Il n'était pas trop tard ! Shane semblait avoir recouvré la raison !

- J'arrive, Shane ! Je suis là !

Elle se pencha vers le fleuve, planta ses crocs dans la peau du cou du guerrier gris, comme une mère attraperait son petit, et tira de toute la maigre force qu'elle était encore en mesure de déployer. Si fort, qu'il lui semblait que ses canines allaient se décrocher ! Mais la fourberie de l'autre était sans limite ... Il savait pertinemment que la femelle au coeur tendre viendrait l'aider.

- Si je dois mourir, je t'entraînerai dans ma tombe !

Un piège ... Une trahison, encore ... Ne savait-il donc faire que cela ? Shane lâcha prise, ils chutèrent tous deux du haut de la falaise. Et tandis que le vent les ballottait dans le vide, mêlant leurs poils, déformant l'expression de leurs visages, toute trace de compassion disparut du regard de Tanga. Se battre pour survivre... Jusque là, elle avait toujours considéré les accrochages comme des jeux, ou ... ou de banals entraînements. A présent, elle réalisait la réelle ampleur horrifiante de ce terme. Et pourtant, elle était persuadée de toujours autant apprécier cette sensation d'adrénaline qui montait en elle lorsqu'elle défiait son adversaire d'un regard. Le seul bémol actuel était son état mental ... et la relation qu'elle avait entretenue, jadis, avec Shane.

SHPLAAAAAF.

Le contact hostilement aigre de l'eau ceignit le corps frêle de la Norvégienne. Les vagues l'entraînaient, la fouettaient, fracassaient son être contre divers objets que Tanga ne reconnut pas, dans la pagaille. Une bouffée d'air salvatrice fut la bienvenue. Durant cette courte apparition à la surface, elle put apercevoir son assaillant, malmené par le courant, lui aussi. De longues minutes passèrent, les entraînant toujours plus loin, toujours plus profond. L'air se faisait de plus en plus rare, de moins en moins facile à atteindre. Les poumons des deux félins se faisaient brasiers, transformant l'oxygène en flammes sanglantes. Alors, la guerrière comprit ce que sa mère avait ressenti, avant de finir broyée par l'hélice du navire. Les minutes défilaient, la guerre contre les éléments se poursuivait. La jeune femelle remerciait, d'une voix intérieure et muette, Shane, pour lui avoir appris à aimer l'eau, à nager, à rester en apnée autant que possible.

Un lancinant coup de griffes fit comprendre à Tan' que le liquide aqueux n'était plus son ennemi numéro un. Ainsi, la situation actuelle ne lui suffisait pas. Parfait ... Le fleuve serait leur champ de bataille. Appui sur la berge, détente, bouffée d'air. Et c'était parti. Morsure. Oreille lacérée. Griffes. Flan ensanglanté. Coup de patte. Esquivé. Et le rituel recommençait, inlassablement. Un siphon projeta Tanga contre un rocher tranchant. Elle rouvrit faiblement les yeux, estourbie, le crâne sérieusement entamé. La Montagne Grise profita du manque d'attention de la guerrière. Morsure à la patte. Encore une attaque, et les muscles filandreux céderaient. Une idée foudroyante traversa son esprit. Pas le droit à l'erreur. Ou elle assommait Shane, ou elle y laissait la vie. Elle se priva d'air, descendit en piquet, aussi profond qu'elle put. Son regard repéra la masse neutre. Un ... Deux ... Trois ... MAINTENANT ! La jeune femelle effectua une forte poussée sur ses membres postérieurs, fendant les flots avec la vitesse d'une torpille, et percuta le corps de son adversaire en un impact titanesque. Le matou des montagnes fut projeté à deux longueurs de queue, et aurait probablement continué sa course, si un monticule tranchant se l'avait pas arrêtée. Jamais, elle ne saurait s'il en avait réchappé. Les muscles du membre blessé de Tanga se rompirent sous l'effort, lui arrachant un hurlement ravalé par la présence d'H2O dans ses voies respiratoires. Elle ne luttait plus, la douleur était trop forte. La houle l'entraîna de longues minutes, la blessant sur les bas-côtés, pour finalement l'échouer sur une berge, au beau milieu des roseaux.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le soleil était à son zénith, ses rayons brulants inondaient la clairière d'une chaleur tellement brûlante qu'elle se serait crue au beau milieu de sa savane. Et elle rit. Elle rit d'elle. Elle rit de lui, et de son corps inerte qui disparaissait, emporté par le courant.. Elle rit de ce qui, l'espace d'une journée, peut être, avait été sincère, dans le coeur de Shane. Elle rit, d'un rire cynique, qui fit trembler montagnes et forêts, mers et océans. Un rire qui aurait effrayé le plus téméraire des guerriers, le plus viril des chefs. Elle rit. Comme un enfant rit d'une plaisanterie. Comme un adolescent rit de la maladresse d'un de ses amis. Comme un adulte rit de la tendresse de son amour. Comme un vieillard rit de l'insouciance d'une jeunesse révolue. Et comme un fou rit de la peur qu'il éprouve envers un être "normal", qui, lui, même s'il est effrayé, ne rit pas. Etait-ce ça, la folie ? Rire d'une chose pour la simple fierté de ne pas en pleurer ? Etre atteint, sans même le savoir, sans voir chose autre que l'amas de couleurs et de formes qui forme notre monde ? Si c'était ça, alors la folie était belle. Et elle était théoriquement rationnelle.

Tout être a une logique. On se plaît juste à dire que ce n'est pas le cas, pour ne pas avoir la faiblesse d'avouer qu'on ne la comprend pas.

- Rhôô, non mais t'as pas bientôt fini de bouger ?!

Une minuscule créature, à peine plus grande qu'un chaton, se planta devant elle, un air exaspéré adorablement fixé sur son visage.

- Contente que tu te sois ENFIN réveillée. J'ai bien cru que t'allais rejoindre le Clan des Etoiles ! ça fait plus de trois levers de soleil que tu es évanouie ici. Ah, au fait. Moi, c'est Algues, ancienne apprentie guérisseuse du Clan du Vent. Je suis jeune chatte du Clan du Sang maintenant ! ajouta-t-elle, fièrement.

Tanga la regarda avec des yeux plus ronds que des soucoupes. Mais de quoi elle parlait, avec ses Clans et ses mots bizarres ?

- Eh, dis quelque chose ! Raconte ! Qu'est ce que tu faisais là haut ?! Tu dois être super courageuse ! Y a jamais personne qui en soit revenu !!

La femelle fronça les sourcils, comprenant un mot sur deux du discours de la chatonne. Cette dernière s'approcha de son membre blessé. Tan' montra les crocs et feula avec toute la fureur que sa fatigue lui permettait d'exposer.

- Olah ! Du calme ! J'te signale que c'est moi qui te soigne depuis que t'es arrivée !

Tanga baissa le regard vers sa plaie. Effectivement, un cataplasme verdâtre maculait sa patte antérieure.

- Allez, laisse moi faire, ne bouge pas, et tout ira bien.

Trop lasse pour s'y refuser, la patiente s'allongea.

- C'est bien, enfin raisonnable ! Raconte moi !!!

Tan' n'aurait su dire si l'énergie débordante d'Algues l'agaçait ou lui réchauffait le coeur. Mais, quelque part, elle lui rappelait son enfance. Alors, elle lui raconta dans les grandes lignes : l'Afrique, leur départ, la disparition de sa mère, la séparation, Shane, et le combat qui l'avait faite tomber dans la rivière. Et plus son récit avançait, plus le regard de l'apprentie guérisseuse se voilait d'une triste et profonde compassion.

- Ta vie a été une longue succession de souffrances et de trahisons toutes plus ingrates les unes que les autres ... J'en ai mal pour toi, tu sais.

- Je n'ai que faire de ta pitié.

- Aucune importance, c'est simplement ce que je ressens. Moi aussi, j'ai une histoire. Je suis née au Clan du Vent, comme je te l'ai dit, avec ma soeur. 3 lunes plus tard, nos deux parents sont morts d'une épidémie qui faisait rage, dans le campement. A six lunes, ma soeur est devenue apprentie guerrière et moi, apprentie guérisseuse. Puis, à 10 lunes, peu avant son baptême de guerrière, elle a rencontré un Solitaire dont elle est tombée folle amoureuse ... Et elle est partie en sa compagnie. Je me suis sentie abandonnée, brisée. Puis, j'ai rencontré une femelle du Clan du Sang, Shadow. Elle était gravement blessée ! Je l'ai soignée, grâce à des herbes, comme me l'avait appris ma maîtresse. D'un tempérament incroyablement docile pour un membre de ce groupe de chats, elle s'est laissée faire, puis m'a présentée à son Chef. Elle lui a dit que j'étais une redoutable combattante, car ce bougre la n'a que faire de la santé de ses suivants. Alors, j'ai intégré le Clan, en tant qu'apprentie. Mais, lorsqu'un de mes amis du camp est blessé, je l'aide à s'en remettre. C'est ma façon à moi de les aider, parce que, entre nous ... niveau combat, j'suis pas une flèche ...

Tanga lança un regard indécis à la chatonne. Cette grande petite âme qui lui faisait face.

- J'ai un marché à te proposer, lacha-t-elle finalement, sans trop savoir pourquoi elle essayait de négocier cela.

- Hein ?!

- Soigne moi, ici, près de la rivière. Apprends moi tout ce que tu sais, sur les différents Clans dont tu me parles, sur les Humains dont tu sembles avoir si peur, et sur le mode de vie des félins d'ici. Enseigne moi vos méthodes de chasse, elles sont probablement différentes de celle que j'utilisais dans les montagnes. Présente moi à ton Chef, aide moi à intégrer ton Clan. Montre moi toutes les vertus des plantes que tu utilises. Lorsque je jugerai avoir acquis une expérience suffisante, je partirai, pour survivre seule. En échange, je t'entraînerai. Tu deviendras une combattante on ne peut plus respectable.

- Ca me paraît honnête ... C'est d'accord.

C'est ainsi que, pendant une lune, Algues revint au chevet de Tanga, lui prodiguant toutes les attentions dont elle avait besoin. Et, pendant des jours, elle lui expliquait la vie ici, dans la forêt. Les Quatre Clans, le Clan des Etoiles, la particularité du Clan du Sang, les Solitaires, les Bipèdes ... La Norvégienne trouvait certaines de leurs coutumes, comme le baptême par exemple, on ne peut plus étranges. Dans la Montagne, avec Shane, elle avait surtout appris à vivre pour survivre, pas pour une communauté.

Les visites quotidiennes de l'apprentie rapprochaient les deux chattes, qui finirent par tisser une amitié très forte. Et, lorsque Tanga dut se présenter au Chef actuel de la sanglante tribu, on aurait pu croire qu'Algues était plus anxieuse qu'elle. Ou du moins, son stress était plus flagrant.

Arrivée au Clan du Sang ...

Les feulements fusèrent, à la vue de la nouvelle venue. L'étrange odeur qu'elle apportait avec elle angoissait, et enrageait les félins.

- Qui est-elle, Algues ? lança le chef.

- Voici ...

- Je viens de loin, coupa-t-elle, de très loin. Je suis née dans la savane, au milieu de plaines pauvres et arides. J'ai embarqué dans un cargo, et en suis descendue par delà ces montagnes. J'y ai vécu longtemps puis, lors d'un combat ...

- Suffit ! hurla le chef, devant l'insolence de la Norvégienne. Pas un mot de plus !

Mais Tan' continua, imperturbable.

- Lors d'un combat, mon adversaire et moi sommes tom...

- Rajan ! Débarrasse moi d'elle !

Rajan était l'une des plus féroces guerrières du Clan. D'une stature robuste et haute, Tan' eut tout d'abord l'impression que son adversaire misait plus sur l'intimidation qu'autre chose. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'elle avait été détrônée du rôle de meneuse par son remplaçant actuel, à son arrivée.

- T'es morte, poupée. feula-t-elle.

- Poupée ?! Elle a un problème la brute ?! rétorqua-t-elle.

L'énorme chatte planta ses crocs dans la peau du cou de Tan'. Une méthode qui lui parût totalement stupide, puisqu'en roulant sur ses pattes, il serait aisé de lui faire lâcher prise. C'est donc ce qu'elle fit. A l'évidence, les méthodes de combats d'ici divergeaient beaucoup de celles qu'elle connaissait. Rajan la lâcha, puis lança une autre offensive. Tanga, elle, se contentait d'esquiver, tout en poursuivant, d'une voix hachée par les mouvements qu'elle se trouvait dans l'obligation de faire pour ne pas se faire réduire en charpie par les griffes de l'assaillante :

- Lors d'un combat, mon adversaire et moi sommes tombés dans le fleuve. Après une longue lutte dans l'eau, il a été entraîné par les flots, et moi, j'ai échoué sur la berge, où Algues m'a trouvée.

Chacun se tut, impressionnée par l'audace de cette étrangère. Mis à part leur meneur, personne n'avait jamais résisté si longtemps à Rajan.

- Que veux-tu aux miens ? lança l'Etoile.

- Pour commencer, que tu rappelles ton chien de garde.

- Rajan ... laisse la.

- Q ... Quoi ?!

- Laisse la !

- Tu lui obéis ?!

- Ne discute pas !

- Ssssh ! Sal*p* !

- Ce fut un plaisir pour moi aussi, ma chérie.

- Suffit, n'en fais pas trop !

- Je veux me faire accepter des tiens.

- Rêve !

- Rajan ! Cesse cela ! Pourquoi cette envie de nous rejoindre ?

- L'envie d'apprendre vos coutumes.

L'Etoile lui rit au nez (un rire moqueur, qu'adoptèrent bientôt tous ses suivants), avant de sauter de son Promontoire, de se coller à elle jusqu'à ce que sa fourrure visqueuse se mêle à celle, plus soyeuse, de la Norvégienne, et de lui murmurer d'une voix rauque, sadique et perverse.

- Montre moi ce que tu vaux, beauté.

Sans même attendre qu'il ait terminé sa phrase, Tanga prit appui sur ses pattes postérieures et sauta sur lui, le renversant sur le dos de surprise, ses membres inférieurs empêchant le meneur de lui labourer le ventre. Elle avança son museau si près de la joue du chat noir qu'on aurait pu croire qu'elle voulait l'y mordre.

- Alors chéri, des tendances soumises ?

Le "chéri" en question roula d'un côté sur l'autre, et finit par se libérer de l'étreinte de la Norvégienne. Ils se défièrent longuement du regard, avant que l'autre ne saute derrière elle dans le but de lui mordre la cuisse. La réaction fut immédiate, elle lui envoya une bourrade dans le plastron, lui coupant le souffle. Les actions s'enchaînèrent longtemps. L'un et l'autre semblaient posséder un niveau égal ; aucun des spectateurs n'aurait osé imaginer un accrochage de cette trempe. Celui-ci se prolongea encore de longues minutes, avant que Tan' ne cloue le chef au sol, la mâchoire enserrant sa jugulaire. Chacun pensait son dernier soupir rendu mais, contre toute attente, elle releva la tête, sans pour autant libérer celui qu'elle avait fait sien de ses griffes.

- Tu ... Tu as gagné ... prends ma place ... articula-t-il.

Elle rit, d'un rire franc et sincère. Elle venait de tourner l'un des chats les plus respectés de la forêt en ridicule.

- C'est pas à ta place que j'en veux, mon coeur, et tu le sais parfaitement. Ceci dit ... j'accepte de mener ton Clan.

Elle fit un bon sur le côté, lui permettant de se relever. Tous les félins présents baissèrent respectueusement la tête.

- J'ai beaucoup à apprendre de vos différences. Là d'où je viens, tout est différent. Le chant des oiseaux, la nage des poissons, le lever du soleil, la couleur de l'herbe ... Tout. Je veux tout connaître de votre monde. Et, lorsque je connaîtrai, alors, peut-être, partirai-je.

Un silence abasourdi s'abattit sur le Clan. Jamais un Chef n'avait tenu de telles paroles.

- Quel est ton nom ... beauté ? lança Rajan, un mélange d'amertume et de respect dans le regard.

- Mon nom ? Avant ... J'avais un nom, dans mon autre vie. Je m'appelais Tanga. Aujourd'hui ... J'aimerai demander une faveur.

Elle se tourna vers Algues.

- Donne moi un nom. Celui que je porterai pour ma vie d'ici. Ma nouvelle vie, dans ce nouveau monde.

- ... Tu t'appelleras Indicible Trahison. C'est ce que m'évoque ton histoire.

Alors, Tanga devint Indicible Trahison.

Trois lunes passèrent, durant lesquelles la nouvelle chef apprit énormément de la méthode de vie de ces chats. Algues lui transmit la totalité de l'étendue de ses connaissances, au sujet des plantes et de leurs vertus médicinales. Pourtant, un matin, sans que personne ne comprenne pourquoi, la jeune femelle disparut. Toutes les patrouilles de recherche rentrèrent bredouille. Il semblait que cet ange, envoyé du Clan des Etoiles, était reparti parmi les siens ...

Le long fil de la vie se tissait peu à peu. Une vie, qui réservait à Indicible Trahison encore de bien pénibles surprises ...


Famille connue (Facultatif) :

- Père : Identité Inconnue.
- Mère : Morte.
- Frère (Samba) : Sans Nouvelle.
- Shane ("père adoptif") : Sans Nouvelle, probablement mort.


.:Hors Jeu**:.

Prénom : Clémentine.
Âge : 14 n'années.
PUF*** : Sably =D
Région : Pays de Loire. LA région dans laquelle personne ne vit u_u


Dernière édition par Indicible Trahison le Mer 28 Juil - 23:15, édité 11 fois
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['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Empty
MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMar 27 Juil - 15:07

» Biienvenue Sistaah. <33
» J'ai lu toute l'histoire et j'adore, comme toujours. *w* Autant d'humour que de drame et de mystère. Y a juste les trois premiers paragraphes que je comprends à peine, mais ça ce sont mes problèmes de compréhension... T.T
» Allei, bonne finition. n.n
(J'suis trop contente de te revoir sur LW. <3)
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMar 27 Juil - 19:42

Bienvenue.
Contente que tu sois revenue <3. Magnifique histoire. Bonne chance pour la suite
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Griffe D'Argent
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMar 27 Juil - 20:59

Hey ^^. Superbe histoire (même si je l'ai pas lue, trop long xD). Je te laisse finir xD.
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Death of Midnight
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMar 27 Juil - 22:00

| Waouw, une histoire aussi longue que la mienne *0* |
Bienvenu sur le forum :3
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Shoona
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 1:33

*o* Waaaa,l'histoire de ouuf'
Bon,j'vais copier,coller sur un document Word,imprimer,m'allonger dehors sur mon transat &' lire le tout xD
*raconte sa life,une fois de plus *

Welc' ma Sably ;D ♥
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 1:39

Mercii les gens =D

Pour la longueur ... ça faisait trop longtemps que j'avais pas écrit, na ! x)

Moby >> pauvre cartouche d'encre ... xD

Je finis dans la soirée ... ou plus tôt x)! Et euuh ... pour le kit, j'ai passé une commande à Wave ;]
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 2:21

» Ah, t'as changé d'avis finalement? x) T'as qu'à m'envoyer le formulaire que je t'ai envoyé par MP.
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 4:50

aah,j'ai fini d'lire ! [oui,parce que ma cousine voulait qu'on se tape toutes les framboises du jardin &' celles du jardin du voisins,donc j'ai mis un peu de temps ^^"]
*raconte encore une fois sa life*
Bref...
c'est beau *o* Moi à côté c'nul x)
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 12:24

Moby >> Ouutch, moi j'aurai fait une overdose de framboises depuis longtemps oo'. May merchii =3 Et non, je maintiens que tu écris très bien ! ^^

Sistah >> Encore une fois, merci ! *w* La signa que tu m'as faite est splendide <3

Les gens qui visitent ce sujet et qui n'ont pas fait gaffe au titre, même si à mon avis y a qu'à moi que ça arrive ... x) >> Finii à l'instant ^^

Bravoo à ceux qui ont eu le courage de tout lire ... xD
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 13:38

» Moi j'ai absolument tout lu et j'adore. ♥
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MessageSujet: Re: ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.]   ['Cause Sably missed you ... ] Indicible Trahison's here. [&& It's finished.] Icon_minitimeMer 28 Juil - 16:21

Et finir à deux heures du matin, tu trouves ça normal T__T xD.

Bref, je te valide ^^.
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